En France, tout salarié peut décrocher une formation sans voir son salaire amputé. Mais derrière cette promesse, le diable se cache dans la mécanique des dispositifs. Selon le chemin choisi, la formation peut s’intégrer à l’horaire de travail, à condition d’avoir le feu vert de l’employeur, ou s’obtenir via une demande bien cadrée, soumise à des règles qui laissent peu de place à l’improvisation. Les droits ne sont pas uniformes : ils fluctuent en fonction du contrat, de l’ancienneté et du secteur d’activité.
Face à la multitude de démarches, du plan de développement des compétences au compte personnel de formation, nombreux sont ceux qui s’y perdent. Les accès et modes de financement varient, d’un dispositif à l’autre. Mieux vaut anticiper et rester vigilant pour ne pas se retrouver piégé par une procédure opaque.
Se former tout en travaillant : un droit souvent méconnu
En théorie, la formation professionnelle sur le temps de travail est inscrite dans la loi du 4 mai 2004. Ce droit offre la possibilité, pour chaque salarié, de se former sans devoir s’absenter de l’entreprise ni rogner sur son salaire. Pourtant, ce levier de progression reste rarement utilisé : manque d’informations, routines bien installées ou appréhensions quant à la réaction de la hiérarchie freinent bien des démarches.
Dans la pratique, formation et activités professionnelles interagissent, mais l’employeur conserve la maîtrise de l’aménagement du temps de travail au sein du plan de développement des compétences. Le salarié, lui, peut activer son compte personnel de formation (CPF) à la condition d’obtenir l’accord préalable si la session a lieu durant ses horaires habituels.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : d’après la Dares, seuls 11 % des salariés ont bénéficié d’une formation professionnelle durant leurs heures de travail en 2021. Faible notoriété des dispositifs, procédures complexes ou simple frein culturel ? Les causes sont multiples, mais ce qui est sûr : les formations accessibles sur le temps de travail restent, pour l’instant, faiblement mobilisées.
Les points-clés à connaître pour profiter d’une formation durant sa journée de travail :
- Il faut respecter les étapes de demande fixées par l’entreprise, souvent avec des délais précis.
- Tout refus opposé par l’employeur doit pouvoir être expliqué et répondre au cadre légal.
- Le salarié continue à percevoir sa rémunération, sous réserve d’une validation de l’organisation.
Quelles formations sont accessibles pendant le temps de travail ?
Différentes formules coexistent pour se former au travail : plan de développement des compétences, dispositifs individuels soutenus par l’employeur, et formations qualifiantes. Qu’on soit en CDI, contrat à durée indéterminée ou en CDD selon les cas, il reste possible d’accéder à l’un ou l’autre de ces dispositifs, si un accord de l’employeur est obtenu. Le champ s’étend du présentiel au distanciel, en passant par l’alternance et les certifications reconnues.
Le plan de développement des compétences s’impose comme la voie classique : il liste les atouts nécessaires pour l’équipe et propose des parcours reliés à la stratégie de l’entreprise. À côté, le compte personnel de formation (CPF) laisse davantage d’autonomie au salarié, tout en encadrant les options possibles. Le bilan de compétences et la validation des acquis de l’expérience (VAE) viennent parfois s’intégrer à ce temps utile, quand ils s’inscrivent dans des projets de mobilité ou de réorientation.
Selon les besoins, le panel de formations ouvertes sur temps de travail recoupe généralement ces cas de figure :
- Parcours qualifiants pour progresser ou élargir son expertise professionnelle.
- Bilan de compétences ou VAE pour faire le point ou envisager une autre voie.
- Certifications officielles, notamment celles référencées au RNCP, souvent accessibles via le CPF.
- Formations en alternance pour combiner travail et montée en compétences selon des règles clairement définies.
La durée et la forme varient : certaines se déroulent en présentiel, d’autres sont totalement en ligne. De plus en plus plébiscitée, la formation à distance permet de s’organiser autour de ses horaires pour avancer sans délaisser ses missions. Ce qui compte alors, c’est de bien structurer son projet, à travers le plan de développement d’entreprise ou via le CPF, pour choisir une formation adaptée à ses ambitions.
Financer sa formation : dispositifs et démarches à connaître
Le financement se révèle souvent être la clef pour concrétiser l’accès à une formation professionnelle durant le temps de travail. Plusieurs solutions existent, chacune avec ses propres mécanismes. Le compte personnel de formation (CPF) occupe un rôle privilégié : il s’alimente tout au long de la carrière, pour financer des formations à réaliser pendant le travail ou en dehors. L’accord de l’employeur n’est demandé que si la session a lieu sur les heures de bureau.
Autre scenario possible : le plan de développement des compétences, piloté par l’entreprise. Pour les formations retenues dans ce cadre, la rémunération est maintenue et les frais annexes (déplacements, hébergement, repas) peuvent être couverts. Envisager une mutation professionnelle ? Le projet de transition professionnelle (PTP) ouvre l’accès à une formation certifiante, tout en maintenant, sous conditions, le versement du salaire si l’accord a été donné par l’opérateur de compétences (OPCO).
Le cadre juridique, notamment à travers l’article L6323-4 du Code du travail, pose les limites et prérogatives. Prendre le temps d’évaluer sa situation, de vérifier son reliquat de CPF et d’échanger avec la direction permet d’anticiper la faisabilité et de monter un plan cohérent pour financer sa formation.
Mieux organiser son emploi du temps pour concilier apprentissage et vie professionnelle
Se former sur ses heures de travail implique de composer avec l’activité du poste et l’envie de progresser. Selon la formule choisie, la durée d’apprentissage peut s’étendre de quelques heures à plusieurs semaines. Nombreux sont ceux qui misent sur la formation à distance, terrain idéal pour ajuster le planning, limiter les déplacements et suivre à son propre rythme. D’autres privilégient le présentiel pour l’émulation du groupe, à condition d’une logistique bien calée.
Dès lors que la formation prend place sur le temps de travail effectif, elle nécessite une concertation avec l’employeur. Fixer à l’avance les créneaux, les intégrer à l’agenda, anticiper les périodes de pointe et, au besoin, organiser un relais sur les missions sont autant d’astuces qui améliorent l’expérience. L’accord d’entreprise doit officialiser les modalités pratiques et de suivi.
Pour faciliter l’organisation, il existe quelques leviers efficaces :
- Découper la formation en modules courts, afin de rester engagé sur ses missions tout en montant progressivement en compétences.
- Positionner les sessions majeures pendant les périodes creuses du planning pour limiter la pression.
- Informer le reste de l’équipe en amont, de façon à préserver la bonne marche collective.
Opter pour une formation professionnelle hors temps de travail constitue une autre option : dans ce cas, il s’agit avant tout de maîtriser l’équilibre personnel, de se préserver des surcharges et d’honorer ses temps de récupération pour ne pas s’épuiser.
Pour avancer sans compromis, il faut saisir l’occasion, composer avec les dispositifs disponibles et refuser d’attendre que les circonstances se présentent d’elles-mêmes. Certains hésitent devant l’arsenal des démarches, d’autres y voient une rampe de lancement vers de nouvelles aspirations. La page reste à écrire.

